Tribune rédigée par Dr Samuel Mathey, Président de la Fondation Africaine pour l’Entreprenariat et le Développement Economique

Dans la mythologie grecque, le phoenix est un oiseau qui ne meurt jamais… à peine tué,il renaît de ses cendres.

Le phoenix est devenu l’image de toutes choses qui perdurent MALGRÉ tout ce qu’on fait pour s’en débarrasser.

Trois problèmes que j’ai rencontrés et que je continue de rencontrer à travers les pays du monde que je visite et qui semblent renaître comme le phoenix après que dans ces pays, le secteur privé pensait y avoir trouvé la solution et les avoir éliminés.

Ces trois problèmes auxquels sont confrontés les entrepreneurs potentiels, les nouveaux entrepreneurs comme les expérimentés, les femmes entrepreneures comme les hommes, les entreprises familiales comme les sociétés à responsabilité limitée ou les sociétés individuelles sont :

Le premier phoenix est le financement. Trouver l’argent pour financer le démarrage de son entreprise. Un parcours de combattant sous beaucoup de cieux : des plans d’affaires et dossiers de projets à monter, des fiches de demande de financement à remplir, des attentes interminables de comité de prêt… pour souvent se faire rejeter.

Loin de croire que seuls les nouveaux entrepreneurs font face à ce besoin, les entrepreneurs expérimentés peuvent aussi faire face à une période difficile ou même une faillite qui les oblige à redémarrer avec la porte des institutions financières qui leur est désormais fermée. Un phoenix qui peut renaître de plusieurs manières alors qu’on se croyait à l’abri d’un besoin en financement.

Le deuxième phoenix est la fiscalité. L’impôt est le dénominateur commun qui lie les entrepreneurs de TOUS les pays du monde. Des USA à la France en passant par le Mali, la Russie ou le Japon… Tous doivent faire face à l’administration fiscale qui va EXIGER de récupérer TOUS vos documents financiers et prendre la part de l’Etat dans ce que vous avez vendu.

Certains systèmes sont PRO-entrepreneurs où les règles sont simples, le taux que prend l’Etat est minimal (exemple 15%), pas de corruption, des recours existent, un système de compensation quand l’Etat vous doit également sur des fournitures de services, les entreprises naissantes ou en difficulté sont épargnées ou ont une fiscalité plus flexible.

En Afrique, malheureusement la plupart des systèmes fiscaux sont ANTI-entrepreneurs et découragent beaucoup d’entrepreneurs… taux d’imposition élevé (+30%), système non-transparent où les nouvelles taxes ne sont pas toujours communiquées, corruption, système à double vitesse (certains paient, d’autres fraudent), les nouveaux entrepreneurs, les entreprises en difficulté et les entreprises florissantes sont logées à la même enseigne.

Ce phoenix renaît à chaque nouveau gouvernement ou chaque fois que l’Etat se trouve dans une situation où il doit mobiliser de l’argent pour financer du social ou des crises.

Le troisième phoenix est l’accès au contrat. Une entreprise qui naît, mais n’a aucun contrat ou marché FERMERA et représentera une perte sûre pour cet entrepreneur.

L’accès au marché va au-delà de la compétence et de l’innovation, de la compétitivité et d’un système transparent de passation de marché… Une économie ne peut prospérer avec deux monopoles entourées de pauvres, démunis au chômage, entreprises ayant fermé et personnel sans pouvoir d’achat.

Il faut trouver un moyen pour que les contrats soient répartis équitablement entre les entreprises existantes TOUT EN respectant le jeu de la concurrence.

Ce phoenix est à surveiller de près avec les commissions anti-monopoles, de libres concurrences, les quotas aux entreprises de minorité, des programmes de discrimination positive dans l’octroi des marchés.

Ces trois phoenix sont à combattre et surveiller constamment si nos nations veulent devenir des nations entrepreneuriales.

Des initiatives multiples sont en cours et sont à encourager pour lutter contre les 3 phoenix de l’entrepreneur.

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