E-commerce en Afrique et en Côte d’Ivoire : De grandes promesses, et encore beaucoup de travail
Le développement du e-commerce semble inéluctable, et il est amené à bouleverser la façon dont nous consommons et commerçons. Ce développement est porteur de progrès majeurs pour les commerçants, les consommateurs, les finances publiques et les divers partenaires de cet écosystème.
Les commerçants, distributeurs, marques, producteurs, etc. y trouvent tout d’abord un débouché simple, rapide et sans coût fixe pour toucher leurs clients sur tout le pays. Chaque mois, plus de 3.500 commerçants Ivoiriens réalisent des ventes en ligne sur Jumia (Jumia.ci, Jumia Mall, Jumia Food et Jumia Travel). Ce chiffre est en perpétuelle augmentation et démontre que le secteur a collectivement adopté la vente en ligne.
Les clients, bien sûr sont les grands gagnants d’un système qui permet la transparence des prix (et donc leur baisse), réduit les besoins de se déplacer, et fait gagner du temps et de l’argent. Tout particulièrement, les clients éloignés des capitales peuvent maintenant accéder à une offre aussi large et à des prix enfin raisonnables. Aujourd’hui, nos clients en Côte d’Ivoire peuvent retirer leurs colis dans plus de 70 villes, et y bénéficier du même accès à la consommation qu’à Abidjan, grâce à un réseau d’agences Jumia et d’entrepreneurs franchisés. Ainsi nos clients à Odienné ou Niakara n’ont pour beaucoup jamais eu l’occasion de rentrer dans un centre commercial moderne, mais sont déjà parfaitement à l’aise avec le e-commerce.
Plus largement, toute l’économie locale est vouée à profiter du développement du e-commerce : les logisticiens bénéficient d’une explosion des volumes de colis, l’Etat profite de l’émergence d’acteurs formels (et taxés) dans un secteur historiquement informel, et tout le secteur de la tech profite de l’effet d’entraînement (création de nouveaux métiers du digital par exemple, qui essaiment ensuite dans le secteur)
Le e-commerce peut réellement bouleverser (pour le meilleur) nos habitudes de consommation et de vente en Afrique de l’Ouest et en Côte d’Ivoire en particulier. Les clients sont demandeurs d’innovations, les commerçants recherchent des débouchés et les changements d’habitudes se réalisent beaucoup plus vite que dans des marchés où le retail est déjà hyper développé (ex. Europe, Amérique du Nord)
Cependant, la disparition récente de plusieurs acteurs majeurs du secteur en Côte d’Ivoire vient nous rappeler un autre aspect, moins sexy, du développement du e-commerce : c’est une activité encore naissante, difficile, qui requiert un effet d’échelle important, des bases financières solides et le soutien des pouvoirs publics. Le nombre encore restreint des consommateurs connectés en Côte d’Ivoire, les contraintes logistiques (parmi lesquelles des carences d’infrastructure ou d’adressage), la défiance envers les moyens de paiement en ligne, et enfin la pression fiscale importante sur le retail formel sont autant d’obstacles à surmonter pour notre secteur naissant, et qui auront eu raison de nombreuses bonnes volontés.
Ces obstacles sont réels, mais il existe pour chacun une solution (par exemple le paiement cash à la livraison résout les réticences au paiement en ligne), apportée par les acteurs privés ou publics. L’action des pouvoirs publics pour permettre le développement de notre secteur sera essentielle : accès à Internet, régulation et fiscalité adaptées, etc.
La résolution progressive de ces obstacles nous permet d’entrevoir encore un potentiel de croissance du e-commerce phénoménal, et nous pouvons sans exagérer parler d’une révolution en cours dans le secteur du retail en Afrique et en Côte d’Ivoire.