« Nous grandissons tout doucement et bien.»
Monartisan.ci est né en 2017 et est une plateforme de mise en relation entre artisans et particuliers et/ou entreprises. Après une année d’exploitation, la start-up est dorénavant rentable et change de modèle pour plus de revenus. Quels sont les ingrédients du succès ? Entretien avec Kevin Sesse, le fondateur.
Pouvez-vous nous présenter votre start-up ?
Monartisan est une plateforme en ligne qui a pour vision de pouvoir réinventer l’économie informelle en la rendant plus structurée, plus prospère grâce au digital. Nous essayons d’apporter plus de revenus, plus de visibilité aux artisans qui sont issus du secteur informel en les référant et en permettant l’accès à leurs services grâce à une plateforme web et une application mobile.
L’artisanat est un grand secteur et nous avons donc voulu rester sur ce qui est services parce que c’est dans ce credo que nous avons identifié de la valeur et aussi en tant qu’entreprise qui veut générer des revenus. Nous couvrons donc une vingtaine de corps de métier que ce soit dans le bâtiment, les services tels que la plomberie, la menuiserie, la peinture…
Comment vous vient l’idée de création de votre start-up ?
Cela vient déjà d’une expérience professionnelle. J’ai été bercé dès l’enfance dans un milieu où il y avait ces corps de métier. Le fait est qu’aussi ces personnes avaient de la compétence mais peinaient à vivre décemment, à générer des revenus pour scolariser leurs enfants. Il y a eu cela. Ensuite en changeant d’environnement, je me suis rendu compte que des personnes de leur côté également peinaient à trouver de bons prestataires pour leurs services à domicile. Et même en cas de recommandation, il était difficile de savoir les compétences de celui qu’il devait solliciter. L’idée m’est donc venue de connecter cette demande non satisfaite face aux artisans que je connaissais.
Comment se porte monartisan aujourd’hui alors ?
On peut dire grosso modo que monartisan se porte bien. Nous avons commencé sur un axe grand public/particuliers et aujourd’hui, nous avons développé un portefeuille B2B où nous travaillons également sur de grands projets. Sans dévoiler de chiffres, je peux dire qu’aujourd’hui la start-up est rentable. Et notre vision est d’être petit, mais de générer le plus de revenus. Il y a des modèles dans le e-commerce qui misent sur plus de logistique et de communication, mais nous voulons rester petits et grandir tout doucement. Aujourd’hui, sur tout ce qui constitue des gros projets « entreprises », nous sommes à 60 % de chiffre d’affaires et pour ce qui est des particuliers, nous sommes autour de 40 %. Nous avons aussi développé un axe de partenariat qui nous permet d’avoir des revenus avec des quincailleries, des distributeurs et des industriels également.
Et qu’en est-il au niveau des requêtes sur la plateforme, vous pouvez avancer des chiffres ?
Au cours de l’année 2018, nous avons eu 280 clients particuliers, pour les commandes validées et traitées. Au niveau des entreprises, nous nous sommes concentrés sur six gros marchés. Nous avons notamment travaillé pour le VITIB et d’autres entreprises…
Quels sont les challenges que vous rencontrez au cours de votre développement
Le principal challenge, c’est de pouvoir grandir. Nous sommes allés doucement. Parce que ce n’était pas facile. Pour des corps de métier où il faut se déplacer parfois jusqu’au domicile des clients, il a fallu baliser plusieurs choses. Actuellement, nous sommes en pleine refonte de notre technologie. Nous faisons sortir ce mois-ci (janvier 2019) une application avec l’opérateur MTN sans oublier la refonte de notre site web qui sera disponible dans le même temps. Pour ce qui est de la technologie, tout est validé. Le challenge aujourd’hui, c’est de pouvoir communiquer parce que nous avons changé de modèle. Nous étions sur un modèle de mise en relation aujourd’hui, nous avons concrétisé plusieurs services avec des prix fixes. Nous ne faisons plus la mise en relation, mais nous achetons dorénavant les services aux artisans et les revendons aux clients. Avec le changement de modèle, le challenge aujourd’hui est de lancer véritablement ce modèle parce que cela nous permet d’aller plus rapidement. Le modèle de mise en relation nous permettait d’aller dans les coins et recoins. Le modèle de mise en valeur des services nous permet d’aller plus rapidement. Dans les six prochains mois, nous voulons couvrir toute la ville d’Abidjan et pourquoi ne pas s’attaquer à d’autres villes de l’intérieur du pays comme San-Pédro, Yamoussoukro et Bouaké…
Quelle est donc l’ambition de votre start-up dans les cinq prochaines années ?
Même en étant réaliste, notre ambition est d’être le leader dans la mise en relation artisans-clients dans toute la zone francophone que ce soit de la Guinée au Sénégal où nous avons déjà quelques partenariats et comptons y aller avec d’autres entrepreneurs en joint-venture sur ce marché d’ici à la fin de l’année 2019.
Vous avez été lauréat du prix de l’entrepreneur africain BMCE, pouvez-vous nous en dire plus et aussi que vous inspire ces récompenses dont notamment le prix ivoirien d’excellence 2018
C’est la quatrième édition et j’ai été le premier ivoirien à arriver jusqu’en finale sur les quatre éditions et être revenu avec un prix, ce n’était pas évident. Nous étions trente finalistes et il y avait une vingtaine d’anglophones, et nous les francophones étions un peu défavorisés. Mais l’idée était de défendre les couleurs nationales. Et c’est l’un des prix qui permette réellement de pouvoir déployer l’idée pour laquelle vous avez la subvention (50,000 $), çela a été vraiment une superbe nouvelle parce que nous avons travaillé dessus pendant deux années. Il y a eu aussi le prix national d’excellence cette année. Ce sont deux prix qui nous motivent à aller de l’avant. Il y a une reconnaissance au plan national et aussi international. Mais cela met aussi la pression. Parce que nous avons de l’appui aussi, et il va falloir prouver que nous méritions ces appuis. Il y a donc beaucoup de pression mais aussi beaucoup d’ambition derrière ces prix.