Madame Tiamogo Clarisse Ouattara épouse Kouakou l’a si bien dit dans l’interview, le souchet, appelé tchongon’’ sous nos tropiques, n’était considéré que comme un fruit à déguster pour passer du temps. Les femmes de la SOCOTPACI ont révolutionné la consommation de ce produit agricole. Interview !

Bonjour madame, pouvez-vous nous présenter votre entreprise ? La SOCOTPACI, c’est la coopérative des transformatrices de produits agricoles du terroir.Elle ne regroupe que des femmes qui travaillent ardemment sur le terrain et avec qui nous sommes en partenariat. Nous aidons ces femmes qui produisent très bien dans le secteur agricole à écouler efficacement leur marchandise. Aussi,nous les accompagnons dans la transformation de leurs produits agricoles et cela est une véritable valeur ajoutée à leurs activités. Ces femmes deviennent financièrement autonomes et elles sortent leurs différentes familles de la précarité. Qu’est-ce que la SOCOTPACI offre de nouveau aux Ivoiriens ? La SOCOTPACI a pour produit phare le souchet, communément appelé «tchongon».On ne considère le souchet que comme un amuse bouche. Quant à nous, nous avons décidé de le transformer en jus, en farine, etc.Ce produit, il faut le savoir, peut faire l’objet de plusieurs transformations.Nous avons commencé par sa transformation en jus, mais pour pouvoir maîtriser sa transformation et avoir les moyens de notre politique, nous avons sollicité l’aide de l’IECD,une structure européenne qui s’occupe des micro-entreprises.Cette structure, heureusement, a trouvé notre projet innovant, et a surtout été enthousiasmée par notre engagement de réussir.Avec l’aide de l’IECD, nous avons démarré la transformation du souchet en jus. Mais très vite, nous avons été confrontées aux problèmes relatifs à sa transformation. Nous avons réfléchi et sommes toutes tombées d’accord sur le fait qu’il fallait plutôt privilégier sa transformation en farine. C’est plus facile de conserver la farine que de conserver du jus.La transformation du souchet a commencé à faire son petit bout de chemin, jusqu’à ce que j’aie la bonne idée de créer le GPS, entendez Gingimbre-Petit cola-Souchet. Ces trois produits combinent des vertus énergétiques et aphrodisiaques. J’ai décidé d’en faire une composition et lors d’une dégustation, on a trouvé que c’était bon. J’ai fait de petits paquets que j’ai donnés aux personnes qui sont venues goûter mon produit. Les retours ont tellement été favorables que j’ai eu beaucoup de courage à aller plus loin dans sa préparation .Aujourd’hui, le GPS apporte du bonheur dans les familles. Il stimule l’énergie, est revitalisant et aide à améliorer la libido. C’est pourquoi, j’aime à dire que c’est le produit de la réconciliation.Pour répondre à votre question, voici le plus que nous avons apporté à la Côte d’Ivoire. Depuis combien de temps la SOCOTPACI existe-t-elle ? Et est-ce que vous pouvez partager avec nous quelques chiffres en termes d’impact ? Nous sommes nées exactement le 07 février 2018.Notre seconde bougie n’a donc pas encore été soufflée.En termes de chiffres, je peux vous dire simplement que la SOCOTPACI vit des cotisations de ses actionnaires et des revenus engendrés.
Combien de personnes font partie de la coopérative ?
Nous sommes douze (12) membres-fondateurs et il y a aussi des membres associés.
J’imagine que le capital a été intensif pour vous.
Chacune a déposé un million (1 000 000) de Francs CFA pour commencer. Nous devions payer la caution pour le local et les premières machines, il nous fallait donc avoir un minimum d’argent pour cela. Toutefois, malgré ce capital, nous sommes obligées de sous-traiter avec l’entreprise, parce que techniquement, nous ne sommes pas en mesure de déshydrater certains produits pour la transformation.
Quelle a été votre pire journée ?
Je me souviens de cette journée lors de nos débuts,
pendant laquelle nous avions reçu une grosse commande de jus. Nous nous sommes évertuées à produire les jus dans la qualité requise et dans le délai exigé, mais le client n’est jamais passé le récupérer.N’ayant malheureusement pas de propriété à la conservation au-delà d’une semaine, on les a perdus.Cela a été une perte énorme pour nous, mais nous ne nous sommes pas découragées. On savait que s’il y a déjà eu une commande, il y en aurait une deuxième, une troisième, etc. La seconde pire journée que nous avons eue à vivre fut celle dans laquelle une commande, une grosse commande nous avait été faite. Malheureusement,nous n’avions pas les moyens techniques de la satisfaire.Nous n’avons livré que partiellement et on a vu beaucoup d’argent passé sous nos mains impuissantes.
Comment avez-vous réagi après cette dernière situation, pour ne plus avoir à la revivre ?
C’est justement après cette situation que nous avons 
cherché des partenaires et que nous avons découvert la structure étatique, qui avait la capacité de nous aider dans la transformation de nos produits, quelle que soit la la quantité de la commande. Aujourd’hui, tout se passe bien.
«Ce n’est pas facile, mais au bout de l’effort se trouve la récompense.»
Vous avez remporté des prix récemment, est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?

Nous avons participé aux journées de la transformation 
avec la CDT et nous avons remporté le Grand Prix du meilleur emballage, celui du meilleur transformateur et enfin celui de la meilleure innovation avec notre produit le GPS.
Ma dernière question est de savoir si vous avez un conseil pour des personnes qui veulent entreprendre ?
Mon conseil, c’est qu’ils aient vraiment le rêve de créer quelque chose, donc d’entreprendre. Quand vous avez ce rêve et cette volonté, il faut savoir que ce ne sera pas du tout facile. Il faudra aussi chercher ses propres fonds pour démarrer 
et ne pas forcément attendre un soutien extérieur. Ne dites jamais : « Je voulais faire cette chose, mais je n’ai pas eu les moyens. » Commencez avec le peu que vous avez et Dieu enverra des personnes pour vous aider. La preuve la SOCOTPACI, toute modestie mise à part, n’arien à envier à de grandes coopératives qui sont nées avant nous.
Nous avons commencé tout doucement avec nos fonds propres, ce n’était évidemment pas facile, les cotisations entraient difficilement, mais la force de notre rêve, de notre engagement, nous permet aujourd’hui d’être connues des Ivoiriens et des investisseurs. Après la volonté, il faut aussi cultiver de la rigueur dans le travail. Sans cette rigueur, les choses deviennent beaucoup plus difficiles. Nous sommes les fondatrices, mais aussi les employées, et cela nous conduit à travailler dur nous-mêmes, à mettre la main à la pâte.Enfin, il faut être déterminé. Lorsqu’on se donne un objectif entrepreneurial, il faut y aller jusqu’au bout.

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